everything i wanted (oliver)

Un grand frisson lui parcourait l'échine. Il avait rangé ses doigts légèrement tremblants dans la poche de son jean, tentant de ne montrer aucun signe des émotions qui pouvaient le saisir à cet instant précis. La nuit était tombée, sombre, sans étoile ni lune pour l’habiter. Les yeux ne pouvaient compter que sur la faible lumière des lampadaires pour se promener dans les rues, mais ce n’était pas l’obscurité qui le mettait dans cet état, ni même le fait qu’il réalisait sa première mission au sein du coven de la Lune. Une ribambelle de pas accompagnaient les siens, les pieds martelant le bitume. Ils avançaient en groupe, guidés par un chien aux poils roux et aux yeux perçants. Le silence régnait et n’était perturbé que par le passage aléatoire des voitures et les quelques éclats de voix d’autres piétons. Il y a aussi le coeur d’Adrian qui battait à cent à l’heure, mais il est certain que ce bruit, il n’y a que lui qui peut l’entendre. Tout le monde semblait se préparer à l’affrontement tout en faisant attention à la moindre réaction du canidé. Adrian l’avait lui-même vu se transformer en animal à la suite du sortilège de localisation, corps rétrécissant aux canines montantes, les oreilles fièrement levées, prêt à chasser la banshee qui s’était déjà prise à plusieurs innocents. Ce n’était pas la première fois qu’il faisait ça. Il en est sûr Adrian.

Il serait impressionné s’il n’y avait pas cette autre figure trop proche qui accaparait tout une partie de son attention. Toute son attention. Carrure titanesque, les cheveux d’un jais si profond qu’il se confondait avec le couvert de la nuitée. Les yeux d’Adrian étaient rivés sur le dos du paternel, père dont il n’avait jamais été aussi proche. Il suffirait que les doigts se lèvent, le touchent pour s’assurer qu’il est réel, que c’était bien lui. Il l’avait cherché si longtemps que l’homme pourrait être une simple mirage, une farce de l’esprit. Il aurait aussi pu se tromper, la magie aurait pu décider de le mettre sur une fausse piste. Oliver chuchota quelque chose pour s’adresser à un autre sorcier, laissant apercevoir les prunelles familières. Lueur azurée qu’il devait tenir de lui, les yeux étaient fait des mêmes nuances, celles taillées entre le ciel et la mer. L’éther et la glace. Il le voit même pas s’arrêter, il a même pas entendu le chien aboyer. La tête se fiche quelque part entre les omoplates du daron. Au moins maintenant, il était sûr qu’il est bien réel. “Elle est où ta tête Adrian ? Concentre-toi un peu !” c’est chuchoté assez fort pour qu’il comprenne qu'on l'engueule. C’est le mec qui l’avait fait rentrer dans le coven, celui qu’Adrian avait approcher comme si de rien n’était, faisant passer leur rencontre pour une coïncidence alors que tout était programmé. Les phéromones avaient permis de le mettre en confiance rapidement, accélérant son entrée, mais il devait le regretter à présent. Adrian semblait tout sauf prêt. Tout sauf prêt à être si proche de son père. C’était pas préparé, trop précipité puis il n’était pas encore sûr que ce soit la vérité. “Pardon...” ça sort d’entre les lèvres et il voudrait partir, Adrian, sauf qu’il sait qu’il doit faire bonne impression. Au coven et à son hypothétique père. C’était mal parti. Joues cramoisis.

“On se sépare, Aby, Jett avec moi, Oliver tu t’occupes du bleu, tu dois avoir l’habitude” clin d’oeil taquin faisant référence à quelque chose qu’Adrian ignorait. Il ne saurait dire si c’est lui qui s'occupait des jeunes gens en général ou s’il ça avait un lien avec autre chose. Habitude dérangeante ou sa profession peut-être. Élément qu’Adrian n’avait jamais pu deviner, Oliver se volatilisant quand il était l'heure de travailler. Les autres partirent dans une direction laissant l’autre à Monsieur Pryce et Adrian. Mélange de peur et d’excitation, non, surtout de peur et de crainte. Le truc lui sert la gorge, l’empêche de regarder Oliver. “J’imagine qu’on doit y aller” et il avance rapidement, le coeur tambourinant. Il y a un long silence qui s’installe. Puis ça brûle les lèvres, agitent les pensées. La question doit sortir même si c’est pas le moment. “Est-ce que vous connaissiez une Maggie Grayson ?” qu'il chuchote l'air de rien. C’est pas subtile, il sait qu'il a pas fait les choses dans le bon ordre mais il a que ça a offrir. Si ça trouve il l’a oubliée, mais dans tous les cas il serait fixé, parce que s’il l'a zappée ça veut dire qu’elle a pas vraiment compté et qu’Adrian il pourrait pas compter sur lui. Au moins il pourrait se concentrer uniquement sur la banshee. Les flaques sont tremblantes, quelques gouttes en suspension comme si elles aussi attendaient la réponse.